lundi 25 juin 2012

Les Nouveaux Mondes (3/3)

D’après Myst, l’œuvre des frères Rand et Robyn Miller.

Les Nouveaux Mondes (1/3)
Les Nouveaux Mondes (2/3)


A mon réveil, je suis de retour dans la cabane en terre.
Mon premier réflexe est de vérifier que j’ai toujours mon passeport sur moi. Oui. Je le prends et je l’ouvre content de manipuler un objet personnel. Je suis étonné de voir qu’il porte trois nouveaux tampons, identiques aux symboles des feuilles trouvées dans le désert et la faille. Je sors pour me dégourdir les jambes et l’esprit. Quelque chose a changé : il y a maintenant quatre bornes mais de taille plus petite et comme l’ancienne borne, elles contiennent chacune un livre. Je fais une courte promenade autour de la cabane. Toujours personne et rien à l’horizon ! Je vais sur la plate-forme. Elle est joliment décorée avec des encoches, j’en compte douze, distribuées en arc de cercle et au centre le dessin de la lune et du soleil.
Oooohé ! Oooohé ! Je n’ai pas pu m’empêcher de crier. Mais seuls les cris des corbeaux me répondent ! Comme je commence à frissonner je décide de retourner à la cabane…
J’ouvre le livre qui est dans les rayons…

Je suis dedans et dehors à la fois. A l’intérieur d’une vaste grotte et à l’extérieur d’une cité souterraine. Toujours seul ! C’est comme si un autocar m’avait déposé au milieu de la nuit sur la place centrale d’un village montagnard. L’eau d’une fontaine coule bruyamment dans un bassin circulaire étouffant en partie le bourdonnement d’une lointaine machine. Il y a des lumières partout. De larges escaliers conduisent vers l’intérieur de la cité. L’architecture des appartements accrochés à la roche avec leurs balcons, leurs galeries et leurs bow-windows, me fait penser aux havelis, les maisons des riches marchands de Jaisalmer, cité d’or du Rajasthan. Mais ici les moucharabiehs en pierre ciselée ont été remplacés par des vitraux et les appuis des fenêtres sont décorés avec de grosses cucurbitacées oranges.  La large ouverture de la grotte offre une vue sur le lointain. La terrasse est équipée d’une longue-vue et je ne résiste pas à la tentation d’aller y jeter un coup d’œil. Le panorama est en rouge et noir. Rougeoyante est la mer calme ou la brume qui la recouvre et qui s’étend à mes pieds ; et encre de Chine sont l’horizon et le ciel. Un ciel sans étoile ! En regardant de plus près à l’aide de la lunette, je vois des pitons rocheux qui émergent comme ceux de la chaîne karstique de la baie de Ha Long et je ne serais pas très étonné de voir glisser en silence des sampans rentrant de la pêche ou faisant du cabotage afin de transporter passagers, courrier et marchandises. J’aperçois aussi, comme suspendus dans les airs, des points lumineux, bleus, jaunes et là un feu rouge clignotant…
Je retourne sur la place et je me rends compte maintenant qu’ici l’air est frais et humide. Je me rapproche d’un écran lumineux. L’image est fixe, en couleurs et représente un chemin enneigé bordé de rochers, d’arbres et de fougères, un banc au premier plan et des lampadaires. Est-ce un cadre photo numérique ou une fenêtre ouverte sur un autre monde ? Sans trouver de réponse, je marche vers un paperboard placé sur un chevalet : le ou la DRC me souhaite la bienvenue et m’invite à me rendre dans une salle de classe pour avoir plus d’informations. Une flèche m’indique l’escalier à emprunter. Ville, hôtel, entreprise, usine, ou tout cela à la fois, je vais peut-être enfin savoir où je suis et pourquoi je suis ici. J’allais monter quand je remarque à ma gauche un deuxième écran lumineux. On peut y lire les noms des visiteurs : je suis bien inscrit mais je vérifie aussi que je suis tout seul en ce moment. Je pars à la recherche de la salle de classe. Un pont, avec de jolies balustrades métalliques de style très sobre (pré-Art Déco), enjambe une rivière souterraine. Au milieu de la balustrade de gauche, deux spots éclairent trois interrupteurs, bleu, vert, rouge… qui allument en contrebas des lampes bleues, vertes et rouges. Au bout du pont, une place, plus petite que la première avec en son centre un énorme globe. La hauteur de son pied est telle que le globe est à plus de trois mètres du sol ! Ce n’est pas celui de la Terre : ce qui pourrait être l’équateur est en fait un bandeau portant de nombreux symboles semblables à ceux du livre des maximes de la cabane. Le méridien qui supporte le globe est équipé d’une loupe qui permet de voir distinctement l’un des symboles.
La porte d’entrée de la salle de classe est sur ma gauche. J’entre sans frapper, je fais quelques pas dans un couloir et je découvre la salle. Personne ! Je vais directement au bureau sur lequel j’aperçois plusieurs documents. J’ouvre un registre portant le logo « DRC » et avec comme titre « Ki / Nexus » : on peut y lire une note sur la sécurité car certaines zones de la cité D’ni (c’est le nom qui était dans la lettre adressée à Yeesha) seraient en partie détruites. Et c’est vrai qu’en venant ici j’ai remarqué de larges fissures dans le sol ! Y a-t-il eu un tremblement de terre ? Le registre donne ensuite le mode d’emploi du KI : un assistant numérique qui permet de prendre des notes et des photos, de chatter et qui a une fonction GPS. Il parle aussi du Nexus (premier navigateur Web ?) qui, si je comprends bien est un distributeur de livres. Je repose le registre. Sur le bureau il y a également une feuille à moitié déchirée avec un texte dont les caractères ressemblent à une écriture indienne, la dévanagari et une plaquette expliquant le découpage du temps de la société D’ni : si la durée de l’année D’ni est équivalente à la notre, elle est par contre divisée en 10 mois de 29 jours ! La journée est divisée en 25 parties, l’heure D’ni représente donc environ 1heure et 13 minutes terriennes. L’heure ensuite est partagée en 5, soit une division de 15 minutes, elle-même partagée en 25, soit une nouvelle division de 35 secondes environ encore partagée en 25, donc une dernière division d’une seconde et demie environ. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !
Sur le mur du fond il y a plusieurs affiches pour nous souhaiter la bienvenue et pour nous indiquer où et comment retirer un KI. Voilà une bonne information !
La salle où je dois me rendre est face à la porte de la salle de classe. Je retraverse donc la petite place où est situé le globe et je remarque alors que le symbole grossi par la loupe s’est déplacé. Ce globe serait-il une horloge et les symboles des chiffres ?
A l’intérieur de la salle il y a cinq lutrins avec un livre posé dessus. Celui que je dois consulter, qui est le livre de Gahreesen, est le premier à ma gauche…

Je suis arrivé dans une petite cour fermée par de hauts murs.
En levant la tête j’aperçois le ciel avec quelques nuages : il fait jour !
Est-ce parce que je suis dans un secteur administratif, mais je trouve l’ambiance beaucoup plus austère qu’aux environs de la place principale. Ici les murs de béton sont habillés de marbre gris foncé. Un nouveau paperboard sur son chevalet m’indique le couloir à emprunter. Mais on ne peut pas se tromper car les autres accès sont fermés. Mes pas résonnent dans le couloir et j’entends de nouveau le sourd bourdonnement d’une machine. Après avoir traversé un autre passage, où je remarque des armoires métalliques et dans l’une d’elles de vieux livres et une plaque en pierre recouverte par un canevas ressemblant un peu à ceux de la faille, je me retrouve dans une antichambre où je découvre le distributeur de KI. On dirait une chaudière siégeant sur un trône de béton. Je prends possession de mon KI et voulant le tester j’essaie de me souvenir du mode d’emploi que j’ai lu dans le registre DRC de la salle de classe. Je parviens à utiliser certaines fonctions : bloc-notes et appareil photo, mais je crois que pour en faire un bon usage je vais avoir besoin de nouvelles explications. Le seul mobilier est un pupitre sur lequel repose un livre…

Je me retrouve dans une salle circulaire, au centre d’une couronne dentée qui entraîne trois pignons équidistants et qui mesurent bien un mètre de diamètre. En réalité deux seulement sont en rotation.  Près du troisième, qui est donc à l’arrêt,  se trouvent un boîtier de commande et un écran éteint. En appuyant sur le bouton de commande l’écran s’allume. Le menu affiché propose de se rendre vers différentes destinations (suis-je devant le Nexus ?) : « Ferry Terminal » me paraît prometteuse d’évasion, je la choisis. Alors le pignon se met à tourner puis s’immobilise après quelques tours et un bras, un peu à la façon d’un juke-box, éjecte un livre…

Si vous aimez ce genre d’ambiance onirique et mystérieuse inscrivez-vous, en cliquant sur le lien ci-dessous, pour continuer l’aventure :
Myst Online : Uru Live Again



Vingt ans après les frères Miller sortent une version 3D de Myst :
RealMYST Masterpiece Edition 2014: Visite guidée par MOrlOck.